En 1843 un capitaine d’artillerie, membre de la Société d’Archéologie du midi de
la France rapporte:
« En 1843, …, le castrum
Lella-Magrnia se présentait sous la forme d’un rectangle de 400 sur 250
mètres de côtés. Un large fossé qui existait encore en déblai dans
certaines parties entourait cette enceinte. Quatre portes flanquées de
deux tours carrées occupaient le milieu des cotés. D’autres tours
carrées servaient de flanquement de dix mètres en dix mètres, et une
tour de même forme se trouvait à chacun des quatre angles. A
l’intérieur, des bâtiments voûtés régnaient tout le long des côtés du
camp, et des amas de matériaux et de pierres de taille accusant la forme
de voussoirs indiquaient l’existence de puissantes constructions
régulièrement disposées, de manière à laisser entre elles des passages
aboutissant à un carrefour, au centre duquel on remarquait un bâtiment
principal enfoui dans la terre jusqu’à la naissance des voûtes qui se
montraient seules au-dessus du sol.
En dehors du camp existaient des
débris confus de peu d’importance, qui n’attestaient nullement
l’existence d’une ville, mais plutôt les dépendances de l’établissement
principal.
Tel était le gisement de ces ruines
remarquables, et dans cette description fidèle, il est impossible de
méconnaître ses Casta stativa que, dans sa puissante synthèse, le peuple
romain appliquait, à quelques modifications près, à toutes les contées
soumises à sa vaste domination. On y retrouve les portes prétoriènnes et
décumanes , le valum, le prétoire, le forum, et le questrium.
On trouva dans les fouilles un
grand nombre de moulins à bras, des débris d’armes et une statuette
coulée en bronze représentant Rome assise, couronnée de tours, tenant à
la main une lance. Cette statuette était sans nul doute une enseigne
militaire, ainsi que l’indique suffisamment l’encastrement de
l’extrémité de la hampe que le fondeur avait ménagé dans le bronze.
Mais les découvertes les plus
importantes consistent dans les inscriptions que les fouilles ont mises
au jour, parmi lesquelles nous choisissons les
suivantes que nous croyons inédites.
Voici l’explication que je propose
pour le N° 1, e, restituant à la 2° et à la 3° ligne SEV. ALEXANDER
PIVS.
« L’empereur César, Marc-Aurèle,
Sévère Alexandre l’heureux, l’Auguste, Père de la patrie, fils du grand
Antonin, petit-fils du divin Sévère, a fait poser de nouveaux
milliaires, par les soins de Titus Elius Decrianus, son procurateur,
grand prêtre de Sévère.
« Distance au prochain milliaire,
deux milles. »
La deuxième inscription offre à la
première et à la deuxième ligne des difficultés assez grandes dont nous
n’avons pas à nous occuper pour l’objet de nos recherches. Que ces
inscriptions soient du règne d’Eliogabale ou d’Alexandre, la différence
est peu de chose : Elles n’expriment pas mois l’une et l’autre qu’au
temps de l’un de ces deux empereurs, qui se trouvait certainement sur la
grande voie de communication de la Tingitane à la Numidie
proconsulaire, et qui avait assez d’importance pour être le point
d’intersection de cette voie principale avec d’autres voies
transversales et secondaires.
Quant au monosyllabe Syr que l’on trouve aux dernières lignes des deux
inscriptions, il me paraît donner le nom de la localité, nom que je n’ai
trouvé sur aucun itinéraire, en sorte que deux bornes milliaires
découvertes l’une et l’autre à Lella-Magrnia donneraient
la distance de ce point, nommé Syr chez les anciens, aux stations les
plus voisines sur la grande voie et les voies secondaires qui venaient y
aboutir. Je soumets en tout cette explication à l’examen de MM. Les
membres de la société.
Quoi qu’il en soit, nous avons le
droit de conclure de l’existence de ces monuments que le camp romain
établi à Lella-Magrnnia était antérieur à l’époque
d’Alexandre Sévère ; or, ainsi nous l’avons établi dans la première
partie de cet article, la Mauritanie Césarienne ne subit de
transformation politique radicale que durant le temps qui s’écoula entre
le règne d’Auguste et celui de Claude Ier. C’est donc vers la première moitié du Ier siècle de notre ère qu’il faut placer
l’établissement des camps dont nous observons les ruines,…
L’axe, passant par les ports
prétoriennes et décumanes, se prolonge dans le sens de la longueur de la
plaine d’Oujda, que le camp était destiné à observer."
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