lundi 18 novembre 2013

Le fort romain

En 1843 un capitaine d’artillerie, membre de la Société d’Archéologie du midi de la France rapporte:
« En 1843, …, le castrum Lella-Magrnia se présentait sous la forme d’un rectangle de 400 sur 250 mètres de côtés. Un large fossé qui existait encore en déblai dans certaines parties entourait cette enceinte. Quatre portes flanquées de deux tours carrées occupaient le milieu des cotés. D’autres tours carrées servaient de flanquement de dix mètres en dix mètres, et une tour de même forme se trouvait à chacun des quatre angles. A l’intérieur, des bâtiments voûtés régnaient tout le long des côtés du camp, et des amas de matériaux et de pierres de taille accusant la forme de voussoirs indiquaient l’existence de puissantes constructions régulièrement disposées, de manière à laisser entre elles des passages aboutissant à un carrefour, au centre duquel on remarquait un bâtiment principal enfoui dans la terre jusqu’à la naissance des voûtes qui se montraient seules au-dessus du sol.
En dehors du camp existaient des débris confus de peu d’importance, qui n’attestaient nullement l’existence d’une ville, mais plutôt les dépendances de l’établissement principal.
Tel était le gisement de ces ruines remarquables, et dans cette description fidèle, il est impossible de méconnaître ses Casta stativa que, dans sa puissante synthèse, le peuple romain appliquait, à quelques modifications près, à toutes les contées soumises à sa vaste domination. On y retrouve les portes prétoriènnes et décumanes , le valum, le prétoire, le forum, et le questrium.
On trouva dans les fouilles un grand nombre de moulins à bras, des débris d’armes et une statuette coulée en bronze représentant Rome assise, couronnée de tours, tenant à la main une lance. Cette statuette était sans nul doute une enseigne militaire, ainsi que l’indique suffisamment l’encastrement de l’extrémité de la hampe que le fondeur avait ménagé dans le bronze.
Mais les découvertes les plus importantes consistent dans les inscriptions que les fouilles ont mises au jour, parmi lesquelles nous choisissons les suivantes que nous croyons inédites.
Voici l’explication que je propose pour le N° 1, e, restituant à la 2° et à la 3° ligne SEV. ALEXANDER PIVS.
« L’empereur César, Marc-Aurèle, Sévère Alexandre l’heureux, l’Auguste, Père de la patrie, fils du grand Antonin, petit-fils du divin Sévère, a fait poser de nouveaux milliaires, par les soins de Titus Elius Decrianus, son procurateur, grand prêtre de Sévère.
« Distance au prochain milliaire, deux milles. »
La deuxième inscription offre à la première et à la deuxième ligne des difficultés assez grandes dont nous n’avons pas à nous occuper pour l’objet de nos recherches. Que ces inscriptions soient du règne d’Eliogabale ou d’Alexandre, la différence est peu de chose : Elles n’expriment pas mois l’une et l’autre qu’au temps de l’un de ces deux empereurs, qui se trouvait certainement sur la grande voie de communication de la Tingitane à la Numidie proconsulaire, et qui avait assez d’importance pour être le point d’intersection de cette voie principale avec d’autres voies transversales et secondaires.
Quant au monosyllabe Syr que l’on trouve aux dernières lignes des deux inscriptions, il me paraît donner le nom de la localité, nom que je n’ai trouvé sur aucun itinéraire, en sorte que deux bornes milliaires découvertes l’une et l’autre à Lella-Magrnia donneraient la distance de ce point, nommé Syr chez les anciens, aux stations les plus voisines sur la grande voie et les voies secondaires qui venaient y aboutir. Je soumets en tout cette explication à l’examen de MM. Les membres de la société.
Quoi qu’il en soit, nous avons le droit de conclure de l’existence de ces monuments que le camp romain établi à Lella-Magrnnia était antérieur à l’époque d’Alexandre Sévère ; or, ainsi nous l’avons établi dans la première partie de cet article, la Mauritanie Césarienne ne subit de transformation politique radicale que durant le temps qui s’écoula entre le règne d’Auguste et celui de Claude Ier. C’est donc vers la première moitié du Ier siècle de notre ère qu’il faut placer l’établissement des camps dont nous observons les ruines,…
L’axe, passant par les ports prétoriennes et décumanes, se prolonge dans le sens de la longueur de la plaine d’Oujda, que le camp était destiné à observer." 

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